Si les femmes ne sont pas discriminées quant à l’accès au crédit immobilier, en revanche, elles l’obtiennent à un coût bien plus élevé que les hommes. En cause ? Une décision de la CJE (Cour Européenne de Justice) interdisant la différenciation du montant des primes d’assurance selon le sexe, et les inégalités de revenus et de statut entre hommes et femmes.
La décision de la CJE, un mauvais calcul pour le montant des primes d’assurance hommes/femmes
Avant 2012, les femmes payaient des primes d’assurance de prêt moins chères que les hommes. La raison ? Un profil moins risqué, lié à une espérance de vie plus longue et des taux de tabagisme, d’accidents de la route ou de maladies graves plus bas. Les femmes coûtent donc moins cher aux assureurs, qui ne peuvent pourtant plus leur proposer des primes à un tarif différencié depuis la décision de la Cour de Justice Européenne du 21 décembre 2012.
Cette mesure, qui poursuivait le but louable d’assurer l’égalité des sexes dans le domaine de l’assurance, se solde aujourd’hui par un creusement de l’écart entre les emprunteurs hommes et femmes. L’étude réalisée par un comparateur d’assurances de prêt révèle en effet les conséquences perverses de la décision : des primes d’assurance plus coûteuses pour les femmes. En effet, celles-ci se montent à 4 931 € contre 4 589 € pour les hommes, soit un taux de 0.172% contre 0.16%.
Les inégalités salariales et de statut à l’origine des crédits immobiliers plus chers pour les femmes
Sur les dossiers étudiés dans le cadre de cette étude en 2018 et qui émanent de personnes seules, 68% sont déposés par des hommes. En cause, la disparité de salaires entre les sexes, qui rend les femmes moins solvables. En effet, elles gagnent en moyenne 25% de moins que les hommes, un chiffre affiné à 12.8% à poste, expérience et temps de travail équivalents. Cette différence de revenus se ressent au moment du financement d’un projet immobilier, puisque le taux d’endettement de 33% est calculé sur les revenus déclarés.
Les femmes bénéficient d’un statut généralement moins élevé que celui des hommes en entreprise, et les plus nombreuses interruptions de carrière dues à la maternité et au congé parental freinent leur progression. Ainsi la part de cadres est-elle moins importante chez les femmes que chez les hommes : 14.7% contre 20.5%.
Le crédit immobilier, plus cher et plus long pour les femmes
L’étude démontre que le montant du crédit immobilier auquel les femmes peuvent prétendre est substantiellement plus bas que celui des hommes : 165 674 € contre 174 337 €, soit 11% de moins, expliqué par la rémunération moindre.
En outre, une nette disparité entre les taux d’emprunt des deux sexes apparaît également : en moyenne, les hommes obtiennent un taux de crédit de 1.60%, quand les femmes se voient proposer un prêt immobilier à 1.76% puisque la durée d’emprunt s’allonge, conséquence : quand elle est de 190 mois (un peu moins de 16 ans) en moyenne pour les hommes, elle passe à 211 mois (soit un peu plus de 17 ans et demi) pour les femmes.
Les experts Avisofi, courtiers en prêts immobiliers, ne font évidemment pas de différence entre les hommes et les femmes pour le traitement des dossiers et n’ont pas forcément observé de tels écarts même s’il est vrai que chez certains « emprunteur solo », le statut et le montant des revenus sont quelques fois plus significatifs chez les hommes.